Les fabricants d’emballages, d’isolant et d’autres produits à base de fibres recyclées font face à une pénurie de matière première provoquée par le déclin des volumes de papier journal et de papier de bureau et l’augmentation de la demande pour les boîtes de carton ondulé. C’est pour leur fournir une autre source de fibres de qualité qu’Innofibre, le centre d’innovation en produits cellulosiques établi à Trois-Rivières, a décidé d’amorcer deux études en collaboration avec le Conseil canadien des manufacturiers de contenants multicouches (CCMCM) qui pourraient ultimement mener à la création de nouveaux débouchés pour les contenants multicouches (CMC) d’aliments et de boissons.
Le premier de ces projets de recherche appliquée vise des emballages de carton moulé comme les boîtes d’œufs et les plateaux de protection d’équipements électroniques de même que des articles thermoformés souvent conçus pour remplacer le plastique, comme les barquettes alimentaires et les assiettes à usage unique. Les emballages de carton moulé sont produits le plus souvent à partir d’une pâte non blanchie que l’on dépose dans des moules puis sèche au four. Le thermoformage quant à lui emploie généralement une pâte blanchie et une presse à haute température pour fabriquer des articles dont les parois sont plus minces, lisses et rigides.
L’équipe de chercheurs d’Innofibre pilotée par Eric Desnoes produira sur place les pâtes requises à partir de CMC post-consommation et évaluera ensuite les procédés de production et les propriétés physiques des articles qui en résulteront, de même que leur potentiel d’être eux-mêmes recyclés plus tard. On cherchera aussi à préciser les propriétés du poly-alu obtenu lors de la séparation des fibres (il s’agit de la substance qui combine l’aluminium et le polyéthylène des CMC) en vue d’usages industriels.
Cette étude est largement financée par le CCMCM. Les premiers résultats sont attendus au début de 2024. Selon Eric Desnoes, le Québec et le Canada comptent plusieurs fabricants d’emballages à base de fibres qui pourraient potentiellement en tirer profit.
Le second projet vise à évaluer l’utilisation de CMC déchiquetés dans les produits d’isolation cellulosique qui sont soufflés dans les plafonds et murs des bâtiments. Cet isolant est traditionnellement fabriqué à partir de papier journal. Le projet mené par Maude Tessier-Parenteau chez Innofibre en collaboration avec Aziz Laghdir au Serex, un centre de transfert de technologie en transformation de produits forestiers basé à Amqui, est présentement en attente de confirmation de financement. Il pourrait démarrer dès le début de l’an prochain. Un fabricant québécois d’isolant cellulosique intéressé par le potentiel de cette application des CMC y est déjà associé.
Pour ce projet et celui portant sur les emballages, le CCMCM s’occupera de fournir la quantité requise de ballots de CMC dont il s’approvisionnera auprès d’un centre de tri québécois.
Si ces études s’avèrent conclusives, on espère qu’elles inspireront des manufacturiers du Québec et d’ailleurs, ce qui pourrait avoir un impact important sur la demande pour les ballots de CMC.